Monsieur Ahmed HERIDA, participant du parcours PLIE, Interviewé par Carole Haes, référente PLIE à Projets-19

 

Je suis arrivé en France en 1988 avec un visa touristique qui s’est rapidement transformé en visa étudiant. J’avais la soif d’apprendre dans un pays différent du mien.

C’était le début de l’informatique. Très attiré par ce milieu, j’ai cherché un établissement dans lequel je pouvais étudier. C’est comme ça que j’ai intégré l’IFA (établissement d’enseignement privé). J’étais comblé. La première année, j’ai appris successivement à être pupitreur, opérateur puis opérateur de saisie. La deuxième année, j’ai été analyste programmeur. Mes études coûtaient très cher et je ne pouvais plus laisser mes parents subvenir seuls à mes besoins, il fallait que je trouve un petit job. Il y avait un café où j’aimais aller jouer au flipper, c’est là que j’ai rencontré Monsieur X. Nous avons tout de suite sympathisé, je lui ai raconté mon histoire et il m’a dit « viens me voir, on verra ce qu’on peut faire pour toi ». Monsieur X était directeur d’un petit cinéma de quartier à Montparnasse, entouré des 5 plus grands cinémas comme l’UGC, le Gaumont ou bien encore le Bretagne, mais c’était lui qui décrochait toutes les avant-premières de film. Et c’est comme ça, que j’ai décroché mon premier job en France. Le directeur avait adapté les horaires de travail à mon emploi du temps scolaire. J’étais bien, j’étais heureux, je travaillais bien. Je m’occupais de l’affichage, contrôlais les issues et restais à l’écoute du projectionniste en cas de besoin.

C’est en 1993 que les difficultés ont commencé. Le consulat d’Algérie refusa de me renouveler mon visa prétextant que j’étais étudiant salarié à mi-temps et que le renouvellement était réservé aux émigrés algériens salariés. Tout s’écroule, je perds mon travail. Que faire ? Rentrer en Algérie ? Mes parents refusent, ce serait trop dangereux pour moi à cause du front Islamique. Je n’ai pas d’autre choix que de rester en France sans papiers. La galère  commence…  À l’époque j’ai beaucoup été aidé par des associations et j’allais régulièrement dans les points d’accès au droit.

J’ai réalisé plein de petits boulots pour subvenir à mes besoins, j’ai fait les marchés, j’ai même été déménageur ! Je vivais dans un hôtel insalubre. J’avais un téléphone portable jetable. Pour me ressourcer, j’aimais me rendre à Châtelet place de la fontaine aux innocents. Un jour alors que j’y étais mon téléphone sonna. « Allô, vous êtes bien Monsieur HERIDA ? Oui, je suis Monsieur HERIDA. Bonjour Monsieur, êtes-vous disponible cette après-midi à partir de 15 h ? J’ai une très bonne nouvelle à vous annoncer. Je vais vous remettre votre récépissé de titre de séjour ! » Incroyable ! Enfin.

Une fois mon récépissé en poche, je me suis inscrit à pôle emploi, je savais que cela allait être dur, c’est toujours difficile d’avoir de l’aide de leur part. Mais je ne perds pas espoir. J’ai pris contact avec diverses personnes pour m’aider. Puis j’ai rencontré la médiatrice emploi de PROJETS-19, je lui ai raconté mon histoire et mes besoins, elle a su m’écouter.

Elle m’a dirigé vers un référent parcours PLIE de l’association. J’ai été très bien reçu par M. TAHRI et mon parcours a débuté. Nous avions régulièrement des rdv. Mon aventure a débuté, on a cherché des formations, du travail. C’est à partir de ce moment là où j’ai vraiment commencé à me sentir comme un homme qui existe. Toutes mes démarches ont commencé avec PROJETS-19. M. TAHRI m’a beaucoup aidé psychologiquement, il m’a remonté le moral, donné l’envie de continuer et de m’accrocher. Puis je vous ai rencontrée, c’était une période pour moi très néfaste, j’étais en colère, j’avais été accusé à tort et licencié de mon travail en structure d’insertion. Cette expérience m’a vraiment détruit, ils m’ont stressé, je ne dormais plus ça a été très difficile, mais maintenant, c’est derrière moi.

En décembre 2021, vous m’avez aidé à constituer mon dossier de candidature pour postuler à la mairie de Paris en tant qu’aide-éboueur. J’ai été recruté en janvier 2022 en contrat aidé. Depuis, je fais des tas de choses, j’ai passé le DELF 1, j’ai effectué une formation d’agent machiniste en propreté et j’ai obtenu mon diplôme. Mon travail me plaît beaucoup, je suis polyvalent sur plusieurs postes. On est un groupe de plusieurs personnes, on est bien et on s’entend tous très bien. Dernièrement, nous avons accueilli 5 nouveaux et mon chef m’a confié la responsabilité de former l’un d’entre eux pendant 4 jours. Je me suis sorti de cette galère lorsque j’ai été accompagné par PROJETS-19, c’est là que les portes ont commencé à s’ouvrir pour moi. L’association m’a apporté du courage, de la volonté, de l’énergie, du bon sens. Si je n’avais pas eu ça, je ne serais pas comme ça aujourd’hui, je suis très content, très très content. C’est grâce à PROJETS-19, que moi Ahmed HERIDA je suis devenu un homme solide, sérieux et SUPER HEUREUX.